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Connaissez vous le naufrage du Gustloff ? je l’espère, car c’est un des drames les plus poignants, les plus injustes, et les plus méconnus de la seconde guerre mondiale. Luxueux paquebot, gloire de la flotte de plaisance allemande, Le Wilhelm Gustloff fut coulé le 30 janvier 1945 par un sous-marin russe, entrainant dans une mer baltique glacée 9000 civils allemands, dont plus de la moitié d’enfants fuyant l’avancée de l’armée rouge. Quatre torpilles furent envoyées par le le sous-marine russe S-13. Chacune, peinte d’une dédicace : « pour la patrie », « pour Staline », « pour le peuple russe », « pour Leningrad ». Contrairement à tous les usages en temps de guerre, la marine russe ne voulut secourir aucune victime. Un téléfilm allemand retraçant ce crime inqualifiable a été diffusé sur la chaine ZDF. Cette production à grand budget qui a reçu un bon accueil pourrait se voir diffuser prochainement en France. Je l’espère vivement. Est-il temps de parler enfin de drames comme celui du Gustloff ? C’est bien la question clé, dans cette affaire. S’il est facile, dans un climat d’ anti-américanisme, de dénoncer les bombardements sur Dresde, un certain tabou embarasse encore l’évocation des victimes de « l’autre camp » dans leur ensemble. A ce titre, il est édifiant de noter que les producteurs allemands du téléfilm ont jugé bon d’insister sur l’orientation principalement anti-nazie - et pas anti-soviétique - de leur travail : Ces films, conçus pour rester le plus consensuels possible, ne se veulent pas porteurs d’un quelconque esprit de revanche : « Le Gustloff » ne pointe pas du doigt la cruauté des lance-torpilles soviétiques, mais s’apesantit au contraire sur le cynisme des officiers nazis, qui recrutent les adolescents comme enfants-soldats et se désintéressent du sort des civils. Les producteurs du film assurent avoir voulu réaliser une œuvre « anti-guerre ». La tragédie du Gustloff « a été provoquée par les Allemands eux-mêmes », car la torpille soviétique n’en a été que le « déclencheur », explique ainsi l’auteur du scénario, Rainer Berg, qui veut voir dans le naufrage du navire « une métaphore de la chute du pouvoir nazi ». Ce drame « montre là où nous a menés la rupture avec la civilisation qu’a constituée l’ère nazie », a commenté de son côté Uwe-Karsten Heye, ancien porte-parole du chancelier Gerhard Schröder, qui a fui Danzig avec sa mère en 1945, et a bien failli compter parmi les victimes du naufrage. Sans le nazisme, « il n’y aurait eu ni fuite, ni expulsion » des populations civiles allemandes, a-t-il rappelé. (source) Doit-on absoudre les nazis de leurs crimes ? Certainement pas ! Doit-on excuser la barbarie soviétique au nom de l’anti-nazisme ? C’est un choix qu’un être humain normalement constitué ne devrait même pas envisager. Et si l’idée de l’innocence partielle des adultes allemands de 1945 vous est insupportable, considérez au moins celle des enfants ! Après tout, c’est Carême. S’intéresser aux « autres victimes », c’est également œuvrer au Salut Public (pardon d’utiliser cette expression révolutionnaire qui habilla les pires crimes du voile du progrès) C’est dynamiter la grande supercherie victimaire qui sert aujourd’hui à justifier toutes les revendications particulières, la repentance obligatoire, l’immigration-réparation, etc. Une supercherie qui aboutit, de façon caricaturale mais édifiante, à cette histoire d’enfant chez les loups, où comment une femme croit nécessaire de se transformer en rescapée juive de l’holocauste pour intéresser les médias. C’est aller contre cette idéologie qui pousse Mr. Sarkozy a vouloir en « rajouter une couche » sur la shoah, en ne faisant paradoxalement que raviver la « course à l’échalotte victimaire », qui pousse chaque communauté à revendiquer pour elle le statut de « victime parfaite ». Avec la conséquence immédiate de renforcer l’affrontement de tous contre tous, et la mise en avant de tout ce qui nous sépare ou nous oppose, au détriment de ce qui peut nous rapprocher - par exemple l’évocation permanente de la colonisation et de l’esclavage, dont les blancs d’aujourd’hui devraient supporter le blâme comme le péché originel (cf. le commentaire de Malika Sorel à ce sujet). Dans cette surenchère victimaire, n’oublions pas ces innocentes petites victimes allemandes. N’oublions pas non plus les victimes de la Vendée, ou les victimes civiles françaises des deux guerres mondiales ... qui s’en soucie encore ?
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